Les KATULiseuses de janvier vous conseillent ...

Le 18 janvier, de nombreuses lectrices sont venues partager leurs dernières lectures à la bibliothèque, lors du KATULU? , voici ce qu'elles vous conseillent :

Les oubliés du dimanche, Valérie PERRIN

Justine, aide-soignante de 21 ans, ne connaît pas son histoire, mais se passionne pour son travail en EHPAD et ses contacts avec ses vieux patients, dont Hélène une centenaire qui lui confie ses secrets, à mettre en parallèle avec ceux de Justine. Le titre évoque les résidents « abandonnés » de leur famille et auxquels on ne rend jamais visite. Ce roman tient le lecteur en haleine jusqu’à la dernière page. Il propose une autre vision des maisons de retraite, dans lesquelles certains employés œuvrent pour le bien-être des résidents et leur accordent beaucoup d’attention. Grande sensibilité dans la description de la psychologie de gens simples, tout comme dans l’autre roman évoqué lors du précédent Katulu :

Changer l’eau des fleurs, Valérie PERRIN

Des histoires imbriquées de vie professionnelle et de vie personnelle.

Pour ceux qui souhaitent retrouver la Drôme dans la littérature, les deux titres suivants :

Deux étés inoubliables, Simone CHANET-MUNSCH

Ce roman policier se déroule dans le Vercors. Madeleine, de retour dans sa ferme familiale, se trouve confrontée à la découverte du corps de son ancienne institutrice, disparue mystérieusement depuis plusieurs années. Un commissaire grenoblois mène l’enquête, à la recherche d’autres meurtres non-élucidés dans le secteur. Histoire bien construite, logique, mais qui manque un peu « d’âme » et utilise de trop nombreux clichés.

Laisse le souffle du vent chasser la pluie, Emy LUCA

Un premier roman très réussi, avec pour cadre le sud de la Drôme. Rencontre entre un homme et une femme, tous deux meurtris, en proie à des doutes, des peurs, difficultés liées à de profondes douleurs ancrées en eux. Lui se noie dans le travail, elle a cherché à se détruire. Laisseront-ils « le souffle du vent chasser la pluie » ?

La fille des Louganis, Metin ARDITI

Sur une ile grecque, Pavlina s’éprend de celui qu’elle croit être son cousin. En réalité, il s’agit de son frère, et elle devra abandonner l’enfant née de cet amour, fruit d’un inceste. Pendant toute sa vie, elle recherchera de manière obsessionnelle cette fille « perdue ». Description des personnages et des situations très convaincante.

Du même auteur, on évoque de précédents ouvrages : Le Turquetto et L’invisible.

La mort en Perse, Annemarie SCHWARZENBACH

Ecrivain, reporter, photographe, cette femme au destin tragique et tourmenté a côtoyé Ella Maillart qui a tenté de la sortir de sa dépendance aux drogues (cf. La voie cruelle).

Issue d’un milieu d’industriels suisses proches de l’extrême-droite, alors qu’elle-même restera toujours attachée aux luttes antifascistes, Annemarie SCHWARZENBACH épouse en 1935, pour échapper à sa famille, un diplomate français en poste en Iran, alors que ses amours la prédisposent plutôt aux rencontres féminines. Récit d’un voyage intérieur en Perse, avec l’omniprésence de la mort, qu’elle finira par trouver de manière accidentelle en Suisse, à l’âge de 34 ans.

Les garennes de Watership Down, Richard George ADAMS

Publié pour la première fois en 1972, cette garenne continue à fasciner ses lecteurs, puisque ce roman reste parmi les cinquante préférés dans le monde. On ne verra plus jamais les lapins de la même manière après cette découverte, de même que l’on se prend à regarder les corbeaux d’un autre œil après la  lecture de :

L’enfant et l’oiseau, Dorian SUKEGAWA

A crier dans les ruines, Alexandra KOSZELYK

Cette auteure ukrainienne évoque à travers l’histoire d’Ivan et Léna, la catastrophe de Tchernobyl. Léna et ses parents,  scientifiques employés par la centrale nucléaire, fuient lors de l’accident. Léna laisse derrière elle son ami Ivan. Exode vers la France, où les parents s’emploient à oublier leurs racines, seule la grand-mère évoque parfois le passé, aussi Léna se construit-elle de manière « bancale ». Elle éprouve le besoin de retourner sur place vingt ans plus tard. Très beau roman, mélancolique.

Daisy, lycéennes à Fukushima, Reiko MOMOCHI

Ressenti de lycéennes après la catastrophe, et réflexion sur la double punition pour les jeunes filles victimes d’irradiation, mises au ban de la société par crainte des malformations qu’elles pourraient transmettre à leurs enfants.

Sur ce même thème :

La supplication, Svetlana ALEXIEVITCH

Les fleurs d’Hiroshima, Edita MORRIS

La horde du contrevent, Alain DAMASIO

Un classique des romans de science-fiction,  paru il y a une quinzaine d’année. A noter qu’il est utile de conserver son marque-page : les personnages de cette « horde », composée de vingt-trois membres complémentaires (des chasseurs, éclaireurs, guérisseurs…), sont désignés par des signes « cabalistiques ». Peu à peu, le lecteur se familiarise avec la façon dont chacun s’exprime et  reconnaît  les protagonistes sans qu’il soit besoin de les désigner nommément ou de recourir à son « pense-bête ». Le vent hurle, la tempête se déchaîne, tous les êtres vivants se terrent, hormis ces vingt-trois qui « contrent » le vent et continuent d’avancer malgré la fureur de l’élément dont ils veulent comprendre l’origine. Pendant les vingt ans que dure cette quête, recherche de réponses à des questions existentielles, des révoltes, des doutes ne manquent pas de surgir au sein de la horde. Travail de l’auteur sur le sens et sur la langue, et questionnement philosophique, au détour de chaque page numérotée à l’envers !

Décoiffant…mais dans un autre genre littéraire :

Les Regrets, Joachim du BELLAY

Recueil de poèmes dans lequel vous retrouverez le célèbre « Heureux qui comme Ulysse… » et découvrirez peut-être « Marcher d’un grave pas et d’un grave sourcil… »

Ru, Kim THUY

Ce récit évoque les « boat people », chassés du Viêt-Nam, passés par la Malaisie, puis installés au Canada. La narratrice, issue d’une famille privilégiée, se trouve arrachée à sa vie facile vers l’âge de dix ans. La mère contraint les enfants à accomplir des tâches ménagères pour leur apprendre à se débrouiller. Ce récit, qui ne sombre jamais dans le larmoyant, mélange images et cultures,  de l’Asie à l’Occident,  entre tragique et comique.

A la ligne, Joseph PONTHUS

Histoire d'un ouvrier intérimaire employé dans des conserveries de poissons, puis des abattoirs. La fatigue, les corps malmenés par les tâches répétitives, le travail à la chaîne, en « ligne »,  dit-on aujourd’hui, inspirent à l’auteur la forme de son écriture. Les lignes se succèdent l’une après l’autre, sans ponctuation,  récit cadencé de ces vies éreintantes. Pour tenir le coup,  la littérature, la musique, et l’amour porté à une femme, à une mère…et à un chien.